Merci Patrick5 de tes analyses toujours précises et précieuses !
Je tâche de répondre à tes premières indications de travail dans ton post précédent par un exemple.
Tu poses d’abord la question suivante :
Quelle stratégie je mets en place pour éviter de ressentir émotionnellement ce que je vis dans une situation donnée ? (=> mettre en évidence comment le centre émotionnel réprimé « contrôle » nos actes).
Je dois dire que tu m’as fait prendre conscience que je dois encore travailler sur le CE réprimé (chez moi) car il m’est toujours très difficile d’identifier a posteriori les émotions qui me traversaient à tel ou tel moment. Peut-être que je devrais davantage pratiquer le rappel de soi…
Toujours est-il que voici peut-être un récent exemple de répression de mes émotions. Je vis de manière assez récurrente un malaise quand je suis en groupe (famille, amis) alors que l’objectif de ces réunions est de partager de bons moments avec eux.
Je prends comme exemple Noël en famille cette année et le Réveillon du Nouvel an cette année également avec des amis très proches de mon mari. Ces deux événements sont assez chargés émotionnellement dans la mesure où j’essaie à chaque fois d’y trouver ma place et que je ne la trouve pas vraiment. J’y suis mal à l’aise, pour ne pas dire en souffrance. Dans ma famille où un de mes frères de base 7 – le préféré « officiel » de mes parents - prend tout l’espace et l’attention amusée de l’auditoire (très élargi cette année par les copains et copines des neveux et nièces). Pendant des années, j’ai été plutôt silencieuse au sein de ma famille, pour de multiples raisons. J’ai notamment évité le conflit ou d’avoir à justifier une posture ou un avis différent de ceux de ma famille.
Avec ce groupe d’amis où un 7 occupe également une place prépondérante, outre que les hommes y règnent en maîtres – peut-être du fait de leur génération (ils ont tous plus de la soixantaine) et des rapports instaurés depuis longue date avec leurs femmes dans ces voyages d’exploration et d’observation animalière qui les lient. En effet et pour faire bref, ce sont des amis qui voyagent depuis des années ensemble dans des contrées très lointaines à la recherche d’espèces animales rares qu’ils photographient (traditionnellement les hommes se stationnent pendant des heures à l’affût dans les réserves animalières où ils passent plusieurs semaines pour prendre leurs photos pendant que ces dames les observent à leurs côtés à la jumelle ; ils sont pour la plupart d’entre eux ornithologues : ils ont pour eux le savoir et l’expérience ; ces dames les accompagnent et n’ont pas du tout le même niveau de connaissances ni d’expérience - voici pour le contexte).
Dans ce dernier groupe, les discussions sont donc essentiellement centrées sur le monde animal (dont je ne connais rien), les dernières « prises » photographiques – au Botswana ou au Brésil par exemple– ou sur les dernières nouveautés en termes de techniques et de matériel photo. Les femmes participent peu à ces échanges ou préfèrent se regroupent entre elles pour discuter chiffons et nouvelles… Bref, je ne m’y sens pas bien à ma place et suis alors dans une sorte de souffrance - d’être en décalage - de peur - d’être transparente - . Ma fuite alors est l’action / narcotisation : je passe mon temps à faire le service à la cuisine, à nettoyer plus que nécessaire (en tant qu’invitée, ce n’est pas à moi de ranger la vaisselle lavée qui sèche des repas précédents) pendant que tous sont attablés et à lutter contre ma volonté de m’extraire du groupe (fuir aux toilettes et traîner à la salle de bain) plutôt que d’assister passivement aux échanges sans piper mot.
Dans ma famille à Noël, c’est un peu le même topo. Je vis mal que mon petit frère « préféré » fasse son habituel « one man show » avec blagues et histoires et je me réfugie dans le faire / narcotisation – la frontière est ténue entre l’aide utile à ma belle-sœur qui nous reçoit et le fait d’aller nettoyer l’évier un peu gras…c’est inutile et on ne me l’a pas demandé. Parfois cela suscite, à juste titre, l’agacement de la maîtresse de maison…
Dans ces moments-là, je réprime mes émotions ; je sens à chaque fois un malaise. A y réfléchir, il s’agit plus précisément d’une angoisse qui s’exprime par une petite boule au ventre, souffrance d’être sans lien avec le groupe ou d’être comme sans valeur pour lui ou encore d’être abandonnée par lui , d’être sans amour.
J’agis alors pour qu’on reconnaisse mon aide et ma valeur mais mes actions glissent sans que je m’en rende toujours compte vers de la narcotisation. Comment est-ce que mon centre émotionnel contrôle-t-il alors ma personnalité ? Probablement car c’est lui seul qui me motive pour me précipiter dans cette action, voire cette narcotisation. J’évite de me mettre en colère contre le fait qu’on ne parle que d’un seul sujet dans cette assemblée et qu’il y en aurait tant d’autres intéressants ! J’évite de trop ressentir la souffrance de l’isolement en m’activant pour rendre service. En réalité, je ne suis pas directement motivée par le fait d’aider l’autre (celle qui nous reçoit). Ma première motivation est de me protéger de ma colère (qui serait trop violente ou trop douloureuse) et de ma souffrance d’être ignorée. Cela me permet de la mettre de côté, et peut-être qu’on m’estime un peu, qu’on m’aime un peu plus, tout simplement.
Ensuite, tu me proposes une seconde piste dont je te remercie Patrick : quelle stratégie je mets en place pour éviter de faire, et m’ arrêter , alors qu’il y a des choses à faire ? (=> mettre en évidence la co-répression de l’instinctif).
Cette situation est courante quand je suis fatiguée et que j’ai beaucoup de choses à faire. D’abord la peur arrive vite et la désintégration en 6 n’est pas loin quand j’ai réussi à écrire une « to do list » longue comme le bras et que l’objectif me semble très loin d’être atteint. Le phénomène se reproduit par exemple au retour de voyages où je peux mettre jusqu’à 3 jours pour ranger un sac d’affaires quand mon mari (ennéatype 8) met 20 minutes. La 1ère stratégie est mon mécanisme de défense (la narcotisation) justifié ou guidé par ma fixation (oubli de soi) ; je commence à ranger la maison (la cuisine, la pièce du bas de la maison qu’on utilise peu et dont le désordre ne pose à priori pas de problème ou dont le rangement n’est pas prioritaire), je peux me lancer frénétiquement dans l’épluchage de légumes pour faire une soupe pour mon mari et moi.
Je me persuade alors qu’il est plus important de préparer un bon repas équilibré que de ranger mon sac de voyage qui peut attendre ; il en serait de même pour nettoyer la caisse des chats, les poubelles, vider le compost au jardin, dégivrer le congélateur ou le frigidère, nettoyer la salade, etc. bref toutes tâches fort peu attrayantes ni valorisantes, et que je n’aime pas du tout ( !) faire. J’imagine que mon mari non plus et je veux lui éviter cet ennui. Je me dis également que « c’est toujours ça de fait », « ce qui est fait n’est plus à faire » et comme ces tâches sont pénibles je m’auto-suggère de m’en débarrasser au plus vite. Car la narcotisation implique désormais chez moi la (relative) rapidité de l’action. Autrefois je pouvais faire durer ces séquences très longtemps (je me revois à 18 ans devant mon programme d’histoire, la seconde guerre mondiale, ou plutôt devant le livre d’histoire dont je connaissais toutes les illustrations de la période 39-45 ; je passais des heures dans ma chambre à rêvasser ( ?), observer ( ?) les images de cette période). Aujourd’hui, comme j’en ai conscience, les actions non prioritaires peuvent s’enchaîner très très rapidement mais s’arrêter au bout de… 30 min. Je me surveille désormais car j’en ai pris conscience : quand j’entreprends une telle action non prioritaire, ma petite voix intérieure (aile 1) me dit : « bon, ok, mais pas pour plus de ….x minutes ». Je vais voir si je peux encore réduire ce temps (!).
Merci enfin Patrick de poser la question suivante :
Oui, d’abord ce qu’écrit Béatrice Chestnut résonne complètement pour moi. Ensuite, que ce soit le vécu (« subjectif » comme l’écrit Patrick - en fait, pour moi le vécu est toujours subjectif) de la passion (paresse), de la co-répression de l’instinctif, du mécanisme de défense (narcotisation) et j’ajouterais, de la fixation (oubli de soi), il est pour moi toujours le même… je le décrirais comme la sensation agréable d’être occupée à quelque chose, installée dans le confort du non choix, du « non conflit », de l’action « non utile » (comme écrit justement Lighyli) car non impliquante.
Enfin, pour répondre à Lighyli qui m’interpelle :
Moi aussi je suis déconnectée de moi-même dans ces moments de co-repression de l’instinctif (et du CE pour moi). Pour me reconnecter à mon centre support (le mental), j’ai besoin de faire quelque chose, je suis d’accord. En revanche, si le mécanisme de défense (la narcotisation) me met sur le chemin de la reconnexion à moi-même, je ne suis vraiment, réellement et complètement connectée à moi-même que lorsque j’agis vraiment pour moi même (le mieux est, comme je l’avais écrit dans un post précédent, le sport intensif où je suis complètement impliquée dans une action qui met totalement mon corps en mouvement. Car alors je me connecte à mes qualités essentielles (à ma vertu d’activité et à mon idée supérieure de l’amour). N’est-ce pas pour toi la même chose Lighyli ? Mais peut-être est-ce la même chose pour tous les enneatypes ?
Affaire à suivre.
Bon début d’année à tous,
Bien amicalement,
Philomène