Vivre la compulsion d'évitement

En Ennéagramme, la Compulsion est un mécanisme très inconscient qui est à la base de l’égo. L’égo cherche à éviter à tout prix quelque chose (ce que l’on appelle la compulsion), afin d’éviter d’être confronté à une croyance que l’individu estime inconsciemment inenvisageable.

Pour information ou rappel, les 9 Compulsions sont :

  • Ennéatype 1 : éviter la colère
  • Ennéatype 2 : éviter de reconnaître ses propres besoins
  • Ennéatype 3 : éviter les échecs
  • Ennéatype 4 : éviter la banalité
  • Ennéatype 5 : éviter le vide intérieur
  • Ennéatype 6 : éviter la déviance
  • Ennéatype 7 : éviter la souffrance
  • Ennéatype 8 : éviter la faiblesse
  • Ennéatype 9 : éviter les conflits

Récemment, j’ai pu explorer un peu plus la connexion à cette compulsion qui est, chez le 5, éviter le vide intérieur.
C’était à l’occasion d’un exercice de CNV (Communication Non Violente). Souvent, à l’occasion d’une météo intérieure (« qu’est-ce que je ressens, là, maintenant ? »), j’ai pu remarquer que j’avais 3 familles de réponses possibles :

  1. Je ressens effectivement xxx. C’est un ressenti émotionnel, couplé à un ressenti physique, une localisation physique de l’émotion. Lorsque cela se produit, une sensation associée est : être vivant, exister (invalidation de ma false core [1] du 5). Là, la compulsion du 5 est belle et bien de côté.

  2. Mais fréquemment, la réponse est proche de : « je ne ressens rien, c’est tout vide, il n’y a rien ». Lorsque cela se produit, il se trouve que l’égo est actif, mais la compulsion (éviter le vide intérieur) n’est pas en marche et je suis face à ma false core[2] directement. Donc l’égo est face à sa pire crainte : vivre un vide intérieur.
    Alors, ce qui se produit ressemble à : « je vais éviter cela en évitant de continuer à chercher à ressentir quoi que ce soit » et une pensée mentale prend le relais. Là, la compulsion est alors active de nouveau, afin de remplir le rôle de l’égo : invalider la false core[3] du 5, et remettre la compulsion (éviter le vide intérieur) en place.
    Ce jeu est très automatique et se produit en quelques secondes, très rapidement !
    J’ai alors observé que rester au contact de ce sentiment de rien, en conscience, sans chercher à le rejeter, peut alors faire émerger un ressenti caché derrière. En Ennéagramme, nous disons qu’on ne doit pas lutter contre l’égo, mais l’accepter tel qu’il est afin de se connecter à nos qualités essentielles et élargir le champ de conscience. Rester connecté à ce que la compulsion cherche à éviter fait partie de ce travail.

  3. Une appréhension à être exposé à ce vide lorsque je suis sur le point de prendre la météo intérieure. Là, j’ai besoin de beaucoup de recul pour oser alors vraiment faire la météo, sans penser à faire la météo !


  1. Les sujets concernant les false cores sont traités dans la section privée en raison de la difficulté psychologique qui résulte du fait d'y être exposé sans accompagnement adéquat ↩︎

  2. idem 1 ↩︎

  3. idem 1 ↩︎

Bonjour Patrick et bonjour à tous,

Merci pour cette explication de la compulsion d’un cinq, intéressant.
Je vais compléter le sujet en vous donnant un exemple de la compulsion d’un sept : éviter la souffrance.
Hier soir, nous étions, ma femme et moi, dans le salon en train de lire tranquillement, chacun dans son canapé. Je me lève pour aller chercher une part de tarte et un thé. En revenant je vois ma femme avec une bouillotte sur le ventre.
-Qu’as tu?
-Mal au ventre. Masse moi un peu le ventre.
Je lui masse le ventre.
Puis je continue ma lecture. Elle s’endort.
Je reste dans le salon, lisant et écoutant une musique douce de harpe celtique, tout en dégustant mon dessert : ma journée a été fatigante, je profite de cet instant de calme pour me ressourcer (je suis introverti).
Une heure plus tard, ma femme se lève, se dirige vers les toilettes et vomit abondamment. Quant elle revient, elle transpire et semble très fatiguée. Je lui demande si elle a besoin de quelque chose.

  • un verre d’eau s’Il te plaît .
    Je lui apporte un verre d’eau en lui disant qu’après avoir vomi elle se sentira certainement mieux.
    Elle me répond qu’elle a débordé dans les toilettes, de faire attention, qu’elle nettoiera demain.
    Soit. Je la laisse se rendormir. Je prends mon livre, ma musique, et vais m’installer dans la salle à manger pour finir ma soirée. Je poursuis ma lecture, me sert une autre tasse de thé et replonge dans mon univers ouaté : « changer les systèmes de croyance » de Robert Dills, passionnant.
    Puis je fais une pause et m’interroge sur mes propres systèmes de croyance. La première chose qui me vient à l’esprit est : comment ai-je pu changer d’environnement? Passer du salon où j’étais confortablement installé dans mon canapé à cette salle à manger, assis sur une chaise bien moins confortable devant une table encombrée de courrier et de papiers en tout genre. Et soudain je comprends : éviter la souffrance de voir ma femme malade, en train de vomir etc…j’ai accompli ce que je pensais être le service minimum en lui apportant son verre d’eau, puis j’ai fui dans une autre pièce, loin du salon où la souffrance était présente. Et tout cela s’est fait inconsciemment. Ce n’est qu’en déroulant le film de la soirée, que j’ai pu mettre à jour le mécanisme d’évitement de la souffrance…
    Siete, 7mu