Tom Hanks, 6 toujours

Bonjour à tous,

J’ai tout récemment visionné le dernier film de Tom Hanks disponible sur Apple TV +, Finch. Tom Hanks est souvent typé 6 dans la vie (Fabien Chabreuil [1], Don Riso[2] …) et il fait partie de ces acteurs qui incarnent de manière répétitive leur type à l’écran (il suffit de consulter sa filmographie pour s’en rendre compte, je citerai juste en passant Seul au monde [3], Captain Phillips ou encore Cloud Atlas), Finch ne fait pas exception.

Le synopsis n’est pas très original, une éruption solaire dévaste la terre, qui est devenue stérile et hostile à la vie. Finch Weinberg fait partie des rares survivants. Le film est totalement centré sur les relations que le personnage de Hanks entretient avec un chien et un robot. Le chien et surtout le robot sont dépeints de manière très anthropomorphique, ce qui de mon point de vue a au moins le mérite de faire passer un message de respect et même d’amour pour les formes de vie autres qu’humaines, animales bien sur mais aussi par l’intermédiaire de la figure du robot pour l’« autre » radical. L’humanisation de Jeff, le robot créé par Finch, le rends plus proche et compréhensible pour nous. Il est capable d’apprendre et de raisonner, il éprouve des émotions et il prends des initiatives, cela nous permets de le considérer comme « vivant ». C’est un classique en science fiction que d’utiliser le robot ou le cyborg (Cycle des robots d’Isaac Asimov, Chappie) ainsi que l’extraterrestre (District 9) comme figure des minorités et/ou des opprimés (étrangers, femmes, homosexuels, etc…) et plus généralement de celui qui est étranger à soi-même. Ils permettent de mettre en exergue les disfonctionnements sociétaux, et de plaider pour plus de tolérance.
Le film se termine par une ode à la vie et au renouveau.

La « sixtitude » de Finch ne fait aucun doute. En tant que membre du centre mental, il valorise son centre préféré « tu ne comprends pas ? » , « tu as beaucoup à apprendre », « tu devrais le savoir », « on peut pas tous être Einstein », « tu comprends ? », « moi je savais », etc…

La passion du type 6, la peur, est très présente dès les premiers instants du film. Alors qu’il cherche de la nourriture dans un supermarché, il entends un bruit suspect, se fige, puis se cache apeuré, jusqu’au moment où il comprend qu’il s’agit en réalité d’un panneau agité par un courant d’air. Finch est dans un état quasi permanent d’hyper vigilance dû à la peur qui l’habite.

Il est extrêmement précautionneux et essaye de « tout » prévoir pour se sécuriser lui et les siens (son groupe), en l’occurrence son chien et ses robots. Lorsque le camion dans lequel ils voyagent crève un pneu, il cherche un cric mais n’en trouvant pas il s’exclame « Tes erreurs te coûteront la vie Weinberg, tu devrais le savoir ! » Cela pourrait ressembler à ce que pourrait se dire un 1 à lui-même mais en l’occurrence, ici, ce qu’il fustige c’est son centre mental défaillant.

Il déteste l’inconnu. Tout aussi bien que la peur (passion) on distingue très bien la suspicion (fixation) dans le dialogue qui suit :

Jeff: Je peux te poser une question ? Si la lumière du jour est si dangereuse pourquoi voyage-t-on la nuit ?
Finch : Tu crois que si voyager la nuit était plus sûr, je ne le saurais pas depuis le temps ? Où allons nous ?
Jeff : Au Golden Gate ?
Finch : Vers l’inconnu. La poussière, la fumée, les 60°, les UV, je peux gérer ça. Pourquoi ? Pourquoi ? Parce que c’est prévisible. Se déplacer la nuit c’est affronter l’imprévisible, les gens affamés, cachés dans l’ombre, les personnes malveillantes, indignes de confiance.
Jeff : Pourquoi ? Comment le sais-tu ?*
Finch : Parce que si tu fais confiance, on te tue ! Ne fais confiance à personne !

Le doute et la suspicion s’exercent aussi envers son robot, bien que dans une moindre mesure. Il ne veut pas lui confier de tâches trop importantes. Il faudra par exemple que Jeff lui force le main pour qu’il se résolve à lui apprendre à conduire.

Sur la confiance le dialogue qui suit est édifiant. Alors que le chien aboie sur Jeff … :

Jeff : Je crois qu’il ne m’aime pas…
Finch : Il n’a pas encore confiance, ça prend du temps. [petite projection au passage]
Jeff : Finch ? Je ne suis pas sûr de comprendre ce concept de confiance. Pourrais-tu me l’expliquer s’il te plait ?
Finch : Ok, la confiance c’est quand on euh… la confiance… la confiance c’est comment on euh… tu vois, la confiance c’est la confiance ! Et si je te racontais une histoire ?
Jeff : Une histoire sur la confiance ?
Finch : Une histoire sur moi. Ok donc il était une fois, peut après être entré chez TAE j’ai appris que la direction comptait m’intégrer à l’équipe qui développait le système RMS. Le problème c’était que je détestais bosser en équipe, alors…
Jeff : Pourquoi tu n’aimais pas travailler en équipe Finch ?
Finch : Parce que c’était une bande de buses… poses ça…
Jeff : C’est quoi une buse ?
Finch : C’est juste, c’est juste que je travaillais mieux seul, ok ? Maintenant écoutes un peu…
Jeff : J’écoute.
Finch : On arrivait pas à adapter le système d’exploitation au matériel. L’équipe était persuadée que le problème venait du matériel. Mais moi je savais que non, c’était autre chose. Et devines qui a trouvé la solution ?
Jeff : …
Finch : Peu importe. Juste après, le physicien Norman Rostoker qui a fondé TAE technologies nous a rendu visite. C’était énorme ! Il nous a félicités, puis il m’a désigné en disant « Weinberg » … le mec connaissait mon nom ! Ouais ! Il a dit « Weinberg il parait que vous avez résolu ça tout seul, est-ce vrai ? » J’ai réfléchi un instant mais je savais ce qu’il fallait répondre alors j’ai dit que c’était grâce à mon équipe…
Jeff : Mais tu as dit que ton équipe était une bande de buses !
Finch : … Il m’a regardé droit dans les yeux et il a su que je mentais, mais il a su aussi que j’étais prêt à défendre mon équipe. Alors il m’a fait un clin d’œil puis il m’a dit : « Le travail d’équipe c’est la clé ! ».
Jeff : Le travail d’équipe c’est la clé. Clin d’œil.
Finch : C’est ça.
Jeff : Je ne suis pas sur d’avoir compris le sens de ton histoire Finch.
Finch : Eh bien réfléchis-y
Jeff : C’est ce que je fais.
Finch : Il s’agit d’amener les autres à te faire confiance.
Jeff : Oui mais tu ne faisais pas confiance à ton équipe Finch et je trouve ton histoire difficile à suivre…

Jeff met le doigt sur une des grandes caractéristiques de l’ennéatype 6, ses contradictions, ici Finch cherche à inspirer et à vivre la confiance, pourtant en même temps il ne l’accorde pas facilement.

Malgré ses doutes et ses peurs Finch fait montre d’une grande loyauté (orientation) envers son groupe. Malgré la peur qui l’envahit tout entier (il en gémit) il ira à la recherche de ses robots, au risque de rencontrer les humains qu’il redoute tant.

Pour finir j’ai été frappée par le fait que la bande annonce du film se termine en mettant en avant les trois vertus permettant à un 6 d’accéder à l’essence, dans l’ordre d’intégration d’une variante mu pour être précise ; courage (intégration interne, c’est à dire dans son propre type), espérance (intégration externe en 3), amour (intégration en 9 et tour complet de l’ennéagramme pour un type du triangle, c’est à dire accès à l’essence).

Alors oui le film est un peu « cucu » et très anthropomorphique, mais c’est aussi une belle illustration du type 6 et en tout cas perso j’ai bien aimé. Il faut dire que regarder Tom Hanks en action est dans tous les cas un grand plaisir pour moi :sparkling_heart:

Très amicalement,

Sources :


  1. Gabriel, Enensis et Chabreuil, F. (2004, 22 septembre). Tom Hanks. Enné-Agora. Institut français de l’ennéagramme. https://www.enneagramme.com/forum/index.php?/topic/740-tom-hanks/ ↩︎

  2. Riso, R. The loyalist : enneagram type six. Enneagram Institute. https://www.enneagraminstitute.com/type-6 ↩︎

  3. Chabreuil, F. Seul au monde : analyse. Ciné-Agramme. Institut français de l’ennéagramme. https://www.enneagramme.com/Cinema/9_F057_a.htm ↩︎


  1. ↩︎
  2. ↩︎
  3. ↩︎
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Merci pour cette magnifique analyse !
Je vais ajouter ce film à ma liste « à voir » :slight_smile:
Question: as-tu pu regarder dans quelle mesure les premiers niveaux de Spirale Dynamique sont visibles dans le film ? (j’imagine que dans un contexte pareil, on devrait les voir?)
Au plaisir de te lire,
Lighyli.

Bonjour à tous,

Merci @Lighyli pour ton appréciation et ta question :slightly_smiling_face:

Ce que je peux dire avec certitude c’est que l’instinct de conservation est fortement sollicité vu le contexte comme tu dis. Il y a des éléments importants dont je n’ai pas parlé, au cas où quelques uns auraient envie de visionner le film et qui expliquent d’autant plus le focus sur la conservation de soi.

Pour ce qui est de la Spirale, je dois avouer que je n’y ai pas vraiment réfléchi en visionnant le film. Comme ça, sans trop y réfléchir, je dirai que j’ai surtout vu du DQ-Bleu, de l’ER-Orange et un peu de BO-Violet de la part de Finch. Ce qui est plutôt cohérent avec l’ennéatype que je lui prête. Toujours aussi cohérent avec un 6 plutôt phobique, j’ai noté un CP-Rouge mal installé et plutôt faible. Si l’on en croit le récit que Finch fait de la catastrophe et des temps qui ont suivis, l’ambiance était au CP-Rouge, ce qui n’est pas étonnant vu les évènements et explique en partie son refus de tout contact avec les autres humains (instinct de conservation en ++ et instinct social - -). Un évènement fondateur de sa relation avec le chien « Goodyear » explique aussi son attitude mais je n’ai pas voulu en parler pour ne pas tout divulgâcher.

Voilà c’est tout ce que je peux en dire sans le revoir :slightly_smiling_face:

Très amicalement,