Bonjour à tous,
Dans mon cursus à l’Institut Français de l’Ennéagramme, l’un des stages qui m’a le plus impactée est le stage Sous-types. Je n’avais pas compris jusqu’à lors à quel point le sous-type est déterminant dans la construction de la personnalité. J’ai posté ce sujet le 18 octobre 2017 sur l’Enné-agora, alors que je finissais ma première année de formation.
Si vous êtes intéressé par la lecture de la conversation entière vous pouvez suivre ce lien Sous-type social du 6 « devoir », liens familiaux et groupes
Voici le message initial :
Je viens de vivre un stage Sous-types extrêmement intéressant.
Je lis depuis longtemps déjà, plus de cinq ans, des ouvrages sur l’ennéagramme y compris bien évidemment ceux de Fabien et Patricia. Pourtant je constate que j’ai besoin pour pouvoir comprendre pleinement les mots et les concepts lus dans ces livres, d’y raccrocher des instants vécus et des expériences personnelles. Des stages tels que Centres et Sous-types répondent parfaitement à ce besoin. Les témoignages des stagiaires présents et les exemples donnés par Fabien et Patricia sont vraiment très utiles.
L’énergie déployée dans les différents instincts par chacun des types a pris chair sous mes yeux. C’était fascinant.
J’y ai également validé mon sous-type, 6 social « Devoir ».
Pendant le stage Fabien et Patricia nous ont suggéré avec insistance de réfléchir à la blessure possiblement à l’origine de notre sous-type, blessure survenue pendant la petite enfance. Voici le résultat de mes réflexions.
Liens familiaux :
Mon père était 4 . Il n’a été ni souvent malade ni souvent absent, physiquement du moins. Pourtant, enfant, je l’ai bel et bien ressenti comme absent ou tout du moins désinvesti.
Je le voyais très souvent perdu dans ses pensées ou plutôt dans ses émotions, jouant de la guitare ou de l’accordéon, composant, peignant. En bref absorbé par son émotionnel intérieur et finalement assez peu réceptif à ce qui l’entourait et notamment à sa famille.
Rétrospectivement je pense m’être fortement sentie exclue et dans l’incapacité de nouer une relation satisfaisante avec lui. J’ai bien tenté de resserrer les liens, en lui demandant par exemple de m’apprendre le solfège, mais cela a eu l’effet inverse. En effet j’avais du mal à comprendre la théorie musicale ce qui l’énervait prodigieusement, provoquant chez moi une bascule paralysant mon mental. Aussi il me renvoyait assez rapidement à mes jeux d’enfant.
Ainsi au rapport particulier du type 6 avec la figure protectrice, en la circonstance mon père, s’est ajouté la problématique instinctuelle sociale, de par le manque de cadre que j’ai ressenti dans mon enfance.
On peut dire que finalement ce père absent, je le cherche encore maintenant dans mes groupes. C’est pourquoi ils sont tellement importants pour moi et source à la fois d’angoisse et de désir. Je désire nouer des relations satisfaisantes au sein de ces groupes, en être acceptée et en même temps j’ai peur que le modèle relationnel bancal que j’ai vécu avec mon père s’y reproduise. En bref je crains principalement que l’on m’ignore et/ou que l’on me rejette.
Je n’ai pas le souvenir d’un événement particulier à l’origine de cette blessure, ni ne possède une personne proche qui aurait pu me renseigner. Toutefois j’extrapole à partir de mes souvenirs d’enfance et je me dis qu’il n’y a pas de raison que le comportement de mon père et la dynamique de notre relation ai changée avec le temps.
Voici donc pour la blessure.
Le devoir ou la puissance de la règle :
Mes trois instincts s’expriment dans les différents contextes, sociaux, conservation ou sexuel, de manière variable en fonction des besoins, comme pour tout un chacun.
Mon sous-type « Devoir » lui en revanche est toujours présent quel que soit le contexte.
Ainsi mon désir de structurer et d’organiser, s’exprime, y compris dans les contextes conservation ou sexuel. Les enfants se couchent à 20h et pas à 20h15. Devoirs en premiers, amusement après, on regarde les gens dans les yeux quand on leur parle. Je veux bien qu’on s’accorde du temps à deux, mais seulement quand j’aurais fini ce que j’ai à faire, etc.
Si je prends un contexte conservation, la famille par exemple, le besoin de faire mon devoir en toutes circonstances est très présent. Il me conduit bien souvent à m’oublier et à oublier mes désirs ou mes besoins, car mon devoir passe avant tout. Mon fils a besoin de moi, il me demande un renseignement ou un service, je me plie en quatre, c’est mon devoir de mère. Mon mari me fait la remarque que le linge n’est pas fait, et hop, au garde à vous, je fonce (même si je rouspète) je ne peux pas m’en empêcher, c’est mon devoir d’épouse.
Lorsque ma sœur est tombée gravement malade, j’ai aménagé mon temps de travail pour pouvoir être là le plus possible. Seulement voilà, je ne me suis pas basée sur ses besoins, non, j’ai seulement mis en place des règles dénuées de discernement et de réflexion, juste des règles, sans réceptivité émotionnelle… Même si je comprends aujourd’hui le pourquoi de ce comportement, je le regrette amèrement. Il me reste à apprendre à être compatissante avec moi-même. J’espère que le stage Résilience m’aidera à y parvenir.
Lors d’une conversation informelle et avant de connaître l’ennéagramme, ma collègue avait employé le mot dévouée pour me qualifier. Ce à quoi j’avais répondu : « Ah bon tu trouves ? »
Maintenant que je pratique régulièrement l’auto-observation je peux dire avec certitude, que oui je suis dévouée, et même jusqu’à l’obsession quelques fois.
Mon mari qui est de sous-type Cordialité m’a déjà dit dans différentes situations particulièrement éprouvantes, que j’étais courageuse. En réalité je ne fais qu’obéir à mon instinct social en me montrant la plus dévouée possible envers ma famille, mes proches et mes groupes en toutes circonstances.
Les groupes :
Je suis rattachée à plusieurs types de groupes, des groupes physiques et des groupes mentaux.
Comme l’a dit Fabien Chabreuil dans la conversation Aile 7 ou pas ?" : « L’instinct social s’intéresse à des vrais groupes répondant aux caractéristiques étudiées au stage Sous-types. L’appartenance à de très grands groupes et l’intérêt pour des causes sociales, qui peut exister sans aucune appartenance à un groupe, ne sont pas directement de son ressort. »En tant que 6 , je dirais que la notion de groupe physique où mon instinct social s’exprime se superpose à mes groupes mentaux de 6 pour créer un mixte où le groupe quel que soit son type est vraiment très présent.
Dans un groupe, inclure l’autre c’est très important. Je sais que mon attention se porte particulièrement sur les échanges entre les différents membres du groupe. J’ai d’ailleurs beaucoup de mal à garder longuement mon attention sur une personne en particulier lorsque je me trouve dans un groupe. Mon attention se porte régulièrement des uns vers les autres. C’est comme si j’essayais d’appréhender la totalité des interactions en cours. Cette attention est visuelle mais aussi corporelle, j’ai remarqué que je me positionne physiquement instinctivement de manière à inclure tous les membres d’un groupe. J’aime d’ailleurs la synergie des groupes, l’émulation que cela apporte à chacun lorsque l’alchimie opère.
Mon groupe idéal est constitué de moins de 10 personnes et d’au moins 6 personnes, c’est là que je me sens le plus a l’aise.
C’est aussi un contexte dans lequel je supporte difficilement les fauteurs de trouble (par fauteur de trouble j’entends quelqu’un qui met en péril la cohésion du groupe). Je suis dans le contexte social par nature inclusive, mais si une personne perturbe le groupe, je n’hésiterais pas longtemps avant de « l’éjecter » dans la mesure de mes possibilités. En effet pour moi la cohésion du groupe prime sur le bien être des individus.
Lors de ce stage Fabien a dit une phrase qui sur le coup m’a fait sourire, son sens général était celui-ci : « Sachez que si je fais des formations, ce n’est pas pour votre bien mes cocos mais pour le bien du groupe. » Tu me corrigeras Fabien si je déforme tes propos.
Fabien a effectivement corrigé mes propos dans sa réponse, corrections que je reporte ici ; « Je ne l’ai pas exprimé exactement comme cela… Effectivement, j’anime des formations pour changer le monde ! Je suis bien conscient que le changement collectif ne peut avoir lieu que s’il y a des changements individuels. Je cherche donc à leur permettre d’avoir lieu, mais mon objectif réel est à un autre niveau. Ce qui ne m’empêche pas d’être ravi quand une personne tire un simple bénéfice personnel du travail que nous faisons ensemble. Comme avec toi, ma cocotte. ! »
À bien y réfléchir je fais un peu pareil. Je n’aurais pas été aussi catégorique mais je constate que bien que je m’intéresse aux gens et si je suis attentive à mes motivations, je me rends compte que c’est bien souvent non pas seulement pour eux-mêmes mais plutôt pour ce qu’ils apportent au groupe. La preuve en est, que s’ils en sortent, je ne m’occupe plus autant d’eux et quelquefois même plus du tout. Je vais par exemple beaucoup moins téléphoner ou demander de nouvelles. C’est un peu comme s’ils avaient disparu de mon univers.
Mon mari est un 6 Cordialité et il prend grand soin de téléphoner aux uns et autres, y compris à des gens qu’il n’a pas vu depuis des lustres. Il maintient le lien. Je n’y pense pas forcément.
Le type 6 social nommé devoir est décrit comme très respectueux des règles et des procédures, un peu froid. Je me suis longtemps dit que cela ne me correspondait pas et que j’étais plutôt une personne tolérante, chaleureuse et attentive au bien être des autres. Faux. Dans le contexte du groupe, ça oui, je serais extrêmement dévouée (et non pas chaleureuse) et me sentirais responsable du bien-être des personnes composant le groupe, y compris à un niveau émotionnel. C’est ainsi qu’au sein de l’Institution où je travaille, je prends grand soin d’entretenir avec tous des rapports amicaux dans la mesure du possible. Je veille à être disponible et prête à rendre service car c’est mon rôle. C’est donc bien de la dévotion et non pas de la cordialité.
Lorsqu’une injustice se profile à l’horizon alors j’endosse facilement mon costume de défenseur du groupe. C’est par exemple moi qui ait motivé mes collègues pour faire grève chaque année les lundis de pentecôte, lorsque la journée de solidarité à été mise en place par le gouvernement Raffarin. Mes collègues se sont assez rapidement démotivés, j’ai été la dernière à faire grève en me rattachant à un mouvement national tant qu’il y en a eu. Encore aujourd’hui c’est une journée où par principe je ne travaille pas.
J’ajouterais enfin que j’ai la croyance que pour bien servir le groupe il est nécessaire de se sacrifier. J’y vois l’influence de mon aile 7 . Ce stage a d’ailleurs été l’occasion de la revalider.
Attention, je vais devenir lyrique… Le groupe c’est la force gravitationnelle qui me maintient debout, j’en ai besoin pour vivre alors je le défends, j’en prends soin, je le nourris y compris quelque fois au détriment de ma santé ou de mon propre bien être (je ne compte pas le nombre de fois où j’ai retardé le moment d’aller voir le médecin ou refusé un arrêt de travail parce que mon sens du devoir me l’imposait). J’ai la croyance que je dois avant tout m’occuper du groupe et que m’occuper par trop de moi serait, somme toute, une sorte de trahison. J’avais même l’habitude de dire que dans la vie c’est « marche ou crève ». Aujourd’hui je commence à nuancer.
Écrire ce post a remué pas mal de choses, ça m’a pris par surprise mais je suis contente de l’avoir fait.
Je rajoute ici une de mes réponses dans ce fil de conversation, car elle illustre de manière concrète comment mon sous-type s’exprime au quotidien.
Je suis bibliothécaire dans le milieu associatif et l’ambiance sur mon lieu de travail est en général plutôt cool. Or il se trouve que je traverse une période assez chargée, j’ai pour ainsi dire la tête dans le guidon. Je passe donc facilement le message à mes collaborateurs que je suis indisponible pour le moment et que pour cause de tâche importante en cours je ne peux pas faire la causette, contrairement à mon habitude.
En plus d’un dossier important à finir et de quelques autres choses, je négocie le renouvèlement de nos photocopieurs qui arrivent en fin de contrat de maintenance dans deux à trois mois.
Et voilà que patatras ! Une des machines tombe en panne. Je passe un coup de fil à la société de maintenance, m’attendant à avoir au mieux la visite du technicien la semaine suivante. Heureuse surprise, le voilà qui débarque dans l’après-midi.
Le technicien est connu dans notre service pour être du genre désagréable, gros ours mal léché, toujours bougon et associant systématiquement la raison des pannes à notre soi-disant mauvaise manipulation des machines ! Autant dire qu’on ne l’aime pas trop ici.
Ne sachant pas de quel type il est, je prends le parti de me mettre sur un mode de communication plutôt direct, en gros un peu sur le même mode que lui.
Au moins j’espère ainsi être comprise.Arrive la fin de l’intervention, il rentre dans l’espace bureau, s’installe derrière l’un de nos bureaux et commence à rédiger son rapport d’intervention.
Ce faisant il m’interroge sur ma détection de la panne, il veut savoir comment j’ai su qu’en plus de la panne indiquée il y avait d’autres pièces à changer. Je lui parle de l’interface de gestion informatique des machines que j’ai pris l’habitude de consulter et de la manière dont je gère les machines.Voilà que, alors que je n’ai vraiment pas de temps à perdre, je me surprends à lui faire la causette ! Nous discutons (je ne sais comment on en est arrivé là…) d’intelligence animale. Il me raconte comment des oiseaux de proie laissent tomber des os pour accéder à leur moelle, et moi, au lieu de le rembarrer ou de l’ignorer, je me surprends à lui parler de chimpanzés que j’ai vu au zoo de Vincennes se servir d’un bâton comme d’un levier pour soulever une trappe. Il poursuit avec l’exemple d’un chat qui a su retrouver ses maîtres plus d’un an et demi après sa fugue et il continue hilare sur une plaisanterie de mauvais goût : « C’est pas ma femme qui pourrait faire pareil hein, on sait bien que les femmes quand on les lâche au milieu d’un magasin elles savent pas retrouver la sortie. »
Le personnage en plus d’être grognon est misogyne !Difficile de rester sérieuse avec ma collègue qui, derrière son dos, fait bla, bla, bla en faisant des signes avec ses mains ! C’est vrai que d’habitude il est peu loquace.
Ce type là je ne l’aime pas, je comprends tout à coup que si je fais l’effort de lui faire la conversation, c’est en réalité parce que j’ai une idée derrière la tête. Je viens de réaliser qu’il peut être une source d’informations utiles. En effet le commercial avec qui je négocie l’achat des nouveaux photocopieurs m’a affirmé que nos machines ne seraient plus maintenables d’ici 3 mois maxi. Seulement je ne lui fais pas confiance (fixation). En gros j’ai peur de me faire avoir (passion). Je me suis donc mis à interroger le technicien pour lui tirer les vers du nez.
Je constate que j’ai utilisé mon instinct sexuel, connexion dans la relation par la démonstration de ma force intellectuelle et de mes connaissances, j’ai gonflé mon plumage, fais rouler mes muscles mentaux, tout ça enrobé par les ondes chaleureuses de mon instinct de conservation (eh oui ce mec-là peux m’aider à me sortir d’un mauvais pas, je ne veux donc pas me le mettre à dos) dans le but obtenir des informations qui au final me serviront à protéger mon groupe.
C’est donc bien mon sous-type social « devoir » qui était aux manettes tout du long. !
En résumé, l’instinct sexuel chez le 6 cherche à impressionner l’autre, tandis que l’instinct de conservation cherche à l’amadouer et que le social cherche à servir le groupe.
Pour finir je précise tout de même que je n’ai pas laissé passer l’histoire de sa femme sans donner mon avis sur la question ! Y’a quand même des limites !
Très amicalement,
Alice et le lapin