Dans la suite de ces échanges très construits de Patrick, Yves et Fabien sur le forum Enné-Agora [1], je tâche d’abord de repérer les mécanismes de défense (de tous les types) que j’utilise.
1 : formation réactionnelle
2 : répression de ses propres besoins
3 : identification
4 : introjection – sublimation
5 : isolation
6 : projection
7 : rationalisation
8 : déni
9 : narcotisation
Ensuite, je ferais comme l’indiquais Fabien sur le forum Ennéa-Agora : « la théorie de l’Ennégramme semble indiquer que les mécanismes de défense favoris sont ceux de son type, de son ou de ses ailes et de son type de désintégration »
Alors, le podium.
Médaille d’or : la narcotisation, même s’il n’est pas toujours facile de la distinguer de la co-répression du Centre instinctif. Elle se traduit notamment, par le refuge dans des activités annexes et non prioritaires pour éviter de me confronter à moi-même et ce qui est important pour moi.
Médaille d’argent : formation réactionnelle
Je ne me vois pas mais je sens bien toutes les fois où par exemple, la saleté dans un endroit, le côté amateur de la conduite d’une réunion, le niveau d’approximations assénées par mes collègues de travail, etc. me font crisper me tendre et crisper la mâchoire (tout en me gardant bien de réagir ostensiblement pour éviter tout conflit). Je pense sincèrement que je la pratique souvent.
Médaille de bronze (ou d’argent ?) pour le déni.
Alors, il me semble que la remarque Fabien qui porte sur le mécanisme de défense du type de base, vaut aussi pour les ailes et type de désintégration. Fabien écrivait « Pour tous les types, le mécanisme principal de défense est le plus inconscient des mécanismes égotiques et donc le plus difficile à repérer. Le plus souvent ce sont nos proches qui peuvent le pointer du doigt. »
(http://www.enneagramme.com/forum/index.php?/topic/1648-formation-réactionnelle/)
Pour le déni, c’est mon mari (8), à qui j’ai beaucoup seriné qu’il pratiquait le déni quand j’ai découvert l’ennéagramme, qui me l’a souligné. Aujourd’hui la prise de conscience que je le pratique aussi est, bien évidemment libératrice. Même si mon aile 8 est trop peu développée, je me prends régulièrement en flagrant délit de déni de faiblesse (si c’en est un ?) : par exemple, en ce moment, je suis épuisée à partir de 18h, ceci est dû à un manque de sommeil, à une grosse charge de travail, à des soucis familiaux et à une fissuration au coude droit douloureuse (nuit et jour) et très handicapante pour les gestes quotidiens. Ainsi, et au lieu, le soir, d’aller prendre 10 min pour m’allonger à 18h afin de pouvoir passer une soirée complète et agréable avec mon mari, je me force à faire les choses qui étaient prévues (ranger les lourdes courses qui tirent sur mon coude, nettoyer la cuisine, ranger des affaires)…Serait-ce là du déni ?
Il m’arrive aussi de répondre, comme lui, « non ! » quand il me demande si je suis fatiguée ou triste, alors qu’il a très bien compris mon état et observé la répression de mes émotions.
Médaille d’argent ou d’or : la répression
La fixation de l’oubli de soi chez le 9 est assez proche du mécanisme de défense du 2. De plus, mon centre réprimé est le centre émotionnel. Réprimer mes émotions, malgré un travail de rappel de soi, de techniques de connexion au corps, aux sensations et à mes émotions, reste encore courant.
Il m’arrive encore, quand trop d’émotions sont exprimées devant moi, d’éviter de les écouter (par ex. la tristesse) car leur expression excessive pour moi me met très mal à l’aise. Parfois, j’évite de les entendre ou de les voir pour les empêcher de faire écho à mes émotions inconscientes et retenues, de m’atteindre ou de trop me bousculer (une joie ou un enthousiasme débordant par exemple).
Il m’arrive également encore de vivre des moments désagréables sans être consciente que je suis en train de réprimer mes émotions et quelques heures plus tard, grâce à un rappel de soi combiné par exemple à une belle musique qui m’émeut, de parvenir à hurler ma tristesse et mon ras le bol. Je parviens alors et enfin à me demander « Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que tu es en train de vivre ? » et à pouvoir me répondre que je suis lasse, triste, jalouse, frustrée ou autre. La connexion aux émotions ne se fait jamais immédiatement.
Médaille d’argent ou de bronze : l’identification
Je pratique souvent le mécanisme de défense du 3 : je me suis identifiée pendant toutes les années de rédaction de ma thèse à cette dernière. Actuellement, j’aide une personne sans papiers à obtenir sa régularisation : je m’identifie à ce projet et si cela échouait, il me semble que je m’en prendrai beaucoup à moi-même. Enfin, quand j’ai des creux dans mon activité d’indépendante, j’ai l’impression que je ne serai plus aimée, que je vais niée par les autres professionnels de ma ville, ignorée, bannie du sérail. Il est vrai qu’en tant que profession libérale coach-formatrice-médiatrice, mon entreprise, c’est moi. Est-ce dû à l’activité, au statut, au mécanisme de défense du 3 ? Probablement les trois.
Médaille de bronze ou d’argent : la projection (quand je suis désintégrée)
Je suis très attachée à ce que vont penser les autres : comme je m’auto-observe, quand je suis en groupe et que je me place en retrait (même si je m’oblige de plus en plus à être présente, avec ma tête, mon cœur et mon corps), je suis automatiquement en mode « ils vont penser que je n’ai pas de personnalité, pas d’avis, que je suis transparente, pas très intéressante, etc. »
J’agis finalement très souvent après avoir imaginé ce qu’allaient penser les autres si je n’agissais pas.
Par exemple, il est de bon ton de déjeuner ensemble avec mes collègues (un petit noyau dur) de la Pépinière d’entreprises dont je fais partie. Quand je vois que l’heure est bientôt dépassée, je me dis que si je ne participe pas au déjeuner au moment où le petit noyau dur en question y est, ils ne vont plus s’intéresser à moi ou imaginer qu’au fond je n’ai pas vraiment le souhait de m’intégrer, etc. Ayant pris conscience de cela, j’ose simplement y aller et m’intégrer. C’est alors que je m’aperçois qu’ils ne sont finalement pas si « jugeants » que ça, et même plutôt gentils et intégrateurs…En écrivant ces lignes, j’ai l’impression de lire ce que les 6 décrivent quand ils se mettent à agir ou ressentir pour désactiver leur imagination galopante et qu’ils s’aperçoivent que leur projection ne reflétait pas la réalité. Il doit donc s’agir pour moi aussi du mécanisme de défense de projection.
La rationalisation ; assez peu pratiquée
Même si le lien a été fait sur le forum Ennéa-Agora entre centre support et mécanisme de défense, mon centre de support étant le centre mental, j’ai du mal à voir de la rationalisation chez moi, autrement dit à justifier par le mental des comportements ou des situations ou des émotions désagréables.
L’isolation : assez peu pratiquée
Je pense que le retrait du 9 n’est pas tout à fait la même chose que l’isolation. Un 9 peut être, me semble-t-il, au milieu d’un groupe, donner l’impression d’y participer, d’échanger mais ne pas être là, en présence. Il peut être réfugié dans une forme de bulle confortable tout en donnant vaguement le change. C’est évidemment un comportement que j’ai beaucoup eu mais que désormais, je combats car j’en suis consciente.
Je pratique la véritable isolation comme tous les ennéatypes probablement, moments de retraits salvateurs pour se retrouver avec soi-même, faire le point, intégrer tout ce qui se passe à l’extérieur ou à l’intérieur. Je pratique par exemple une à deux fois par an la retraite dans un Carmel en Bourgogne qui me donne l’occasion à chaque fois, une à plusieurs fois par jour, de me retirer dans ma chambre pour profiter de la paix et du recul que permettent ce lieu de silence.
L’introjection-sublimation : jamais observée
J’ai l’impression ne l’avoir jamais pratiquée.
Si on récapitule, dans l’ordre d’usage (du plus souvent au moins souvent)
-
- Le mécanisme de défense de mon type de base (9)
-
- Le mécanisme de défense de mon aile principale (1)
-
- Le mécanisme de défense de mon type de désintégration (6)
-
- Le mécanisme de défense de mon aile secondaire (8)
Les mécanismes de défense de deux types qui privilégient le centre que je réprime (le centre émotionnel) :
Le mécanisme de défense du 2
Le mécanisme de défense du 3
Le mécanisme de défense d’un type qui privilégie le centre que j’ai en centre support (le centre mental)
Le mécanisme de défense du 5
En dernier : le mécanisme de défense du 7
Je n’aboutis pas toujours à des conclusions logiques du point de vue de l’ennéagramme, ni aux mêmes observations faites par Patrick, Yves et Fabien sur le forum Ennéa-Agora, mais peut-être aurais-je besoin de plus d’auto-observation encore ? Qu’en pensez-vous ? Qu’en est-il pour vous ?
Merci de votre patience !
Philomène
-
Conversation Utilisation des mécanismes de défense par Patrick le 30 novembre 2016. http://www.enneagramme.com/forum/index.php?/topic/1911-utilisation-des-mécanismes-de-défense/&tab=comments#comment-16795 ↩︎