Mécanismes de défense

Dans la suite de ces échanges très construits de Patrick, Yves et Fabien sur le forum Enné-Agora [1], je tâche d’abord de repérer les mécanismes de défense (de tous les types) que j’utilise.

1 : formation réactionnelle

2 : répression de ses propres besoins

3 : identification

4 : introjection – sublimation

5 : isolation

6 : projection

7 : rationalisation

8 : déni

9 : narcotisation

Ensuite, je ferais comme l’indiquais Fabien sur le forum Ennéa-Agora : « la théorie de l’Ennégramme semble indiquer que les mécanismes de défense favoris sont ceux de son type, de son ou de ses ailes et de son type de désintégration »

Alors, le podium.

Médaille d’or : la narcotisation, même s’il n’est pas toujours facile de la distinguer de la co-répression du Centre instinctif. Elle se traduit notamment, par le refuge dans des activités annexes et non prioritaires pour éviter de me confronter à moi-même et ce qui est important pour moi.

Médaille d’argent : formation réactionnelle

Je ne me vois pas mais je sens bien toutes les fois où par exemple, la saleté dans un endroit, le côté amateur de la conduite d’une réunion, le niveau d’approximations assénées par mes collègues de travail, etc. me font crisper me tendre et crisper la mâchoire (tout en me gardant bien de réagir ostensiblement pour éviter tout conflit). Je pense sincèrement que je la pratique souvent.

Médaille de bronze (ou d’argent ?) pour le déni.

Alors, il me semble que la remarque Fabien qui porte sur le mécanisme de défense du type de base, vaut aussi pour les ailes et type de désintégration. Fabien écrivait « Pour tous les types, le mécanisme principal de défense est le plus inconscient des mécanismes égotiques et donc le plus difficile à repérer. Le plus souvent ce sont nos proches qui peuvent le pointer du doigt. »

(http://www.enneagramme.com/forum/index.php?/topic/1648-formation-réactionnelle/)

Pour le déni, c’est mon mari (8), à qui j’ai beaucoup seriné qu’il pratiquait le déni quand j’ai découvert l’ennéagramme, qui me l’a souligné. Aujourd’hui la prise de conscience que je le pratique aussi est, bien évidemment libératrice. Même si mon aile 8 est trop peu développée, je me prends régulièrement en flagrant délit de déni de faiblesse (si c’en est un ?) : par exemple, en ce moment, je suis épuisée à partir de 18h, ceci est dû à un manque de sommeil, à une grosse charge de travail, à des soucis familiaux et à une fissuration au coude droit douloureuse (nuit et jour) et très handicapante pour les gestes quotidiens. Ainsi, et au lieu, le soir, d’aller prendre 10 min pour m’allonger à 18h afin de pouvoir passer une soirée complète et agréable avec mon mari, je me force à faire les choses qui étaient prévues (ranger les lourdes courses qui tirent sur mon coude, nettoyer la cuisine, ranger des affaires)…Serait-ce là du déni ?

Il m’arrive aussi de répondre, comme lui, « non ! » quand il me demande si je suis fatiguée ou triste, alors qu’il a très bien compris mon état et observé la répression de mes émotions.

Médaille d’argent ou d’or : la répression

La fixation de l’oubli de soi chez le 9 est assez proche du mécanisme de défense du 2. De plus, mon centre réprimé est le centre émotionnel. Réprimer mes émotions, malgré un travail de rappel de soi, de techniques de connexion au corps, aux sensations et à mes émotions, reste encore courant.

Il m’arrive encore, quand trop d’émotions sont exprimées devant moi, d’éviter de les écouter (par ex. la tristesse) car leur expression excessive pour moi me met très mal à l’aise. Parfois, j’évite de les entendre ou de les voir pour les empêcher de faire écho à mes émotions inconscientes et retenues, de m’atteindre ou de trop me bousculer (une joie ou un enthousiasme débordant par exemple).

Il m’arrive également encore de vivre des moments désagréables sans être consciente que je suis en train de réprimer mes émotions et quelques heures plus tard, grâce à un rappel de soi combiné par exemple à une belle musique qui m’émeut, de parvenir à hurler ma tristesse et mon ras le bol. Je parviens alors et enfin à me demander « Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que tu es en train de vivre ? » et à pouvoir me répondre que je suis lasse, triste, jalouse, frustrée ou autre. La connexion aux émotions ne se fait jamais immédiatement.

Médaille d’argent ou de bronze : l’identification

Je pratique souvent le mécanisme de défense du 3 : je me suis identifiée pendant toutes les années de rédaction de ma thèse à cette dernière. Actuellement, j’aide une personne sans papiers à obtenir sa régularisation : je m’identifie à ce projet et si cela échouait, il me semble que je m’en prendrai beaucoup à moi-même. Enfin, quand j’ai des creux dans mon activité d’indépendante, j’ai l’impression que je ne serai plus aimée, que je vais niée par les autres professionnels de ma ville, ignorée, bannie du sérail. Il est vrai qu’en tant que profession libérale coach-formatrice-médiatrice, mon entreprise, c’est moi. Est-ce dû à l’activité, au statut, au mécanisme de défense du 3 ? Probablement les trois.

Médaille de bronze ou d’argent : la projection (quand je suis désintégrée)

Je suis très attachée à ce que vont penser les autres : comme je m’auto-observe, quand je suis en groupe et que je me place en retrait (même si je m’oblige de plus en plus à être présente, avec ma tête, mon cœur et mon corps), je suis automatiquement en mode « ils vont penser que je n’ai pas de personnalité, pas d’avis, que je suis transparente, pas très intéressante, etc. »

J’agis finalement très souvent après avoir imaginé ce qu’allaient penser les autres si je n’agissais pas.

Par exemple, il est de bon ton de déjeuner ensemble avec mes collègues (un petit noyau dur) de la Pépinière d’entreprises dont je fais partie. Quand je vois que l’heure est bientôt dépassée, je me dis que si je ne participe pas au déjeuner au moment où le petit noyau dur en question y est, ils ne vont plus s’intéresser à moi ou imaginer qu’au fond je n’ai pas vraiment le souhait de m’intégrer, etc. Ayant pris conscience de cela, j’ose simplement y aller et m’intégrer. C’est alors que je m’aperçois qu’ils ne sont finalement pas si « jugeants » que ça, et même plutôt gentils et intégrateurs…En écrivant ces lignes, j’ai l’impression de lire ce que les 6 décrivent quand ils se mettent à agir ou ressentir pour désactiver leur imagination galopante et qu’ils s’aperçoivent que leur projection ne reflétait pas la réalité. Il doit donc s’agir pour moi aussi du mécanisme de défense de projection.

La rationalisation ; assez peu pratiquée

Même si le lien a été fait sur le forum Ennéa-Agora entre centre support et mécanisme de défense, mon centre de support étant le centre mental, j’ai du mal à voir de la rationalisation chez moi, autrement dit à justifier par le mental des comportements ou des situations ou des émotions désagréables.

L’isolation : assez peu pratiquée

Je pense que le retrait du 9 n’est pas tout à fait la même chose que l’isolation. Un 9 peut être, me semble-t-il, au milieu d’un groupe, donner l’impression d’y participer, d’échanger mais ne pas être là, en présence. Il peut être réfugié dans une forme de bulle confortable tout en donnant vaguement le change. C’est évidemment un comportement que j’ai beaucoup eu mais que désormais, je combats car j’en suis consciente.

Je pratique la véritable isolation comme tous les ennéatypes probablement, moments de retraits salvateurs pour se retrouver avec soi-même, faire le point, intégrer tout ce qui se passe à l’extérieur ou à l’intérieur. Je pratique par exemple une à deux fois par an la retraite dans un Carmel en Bourgogne qui me donne l’occasion à chaque fois, une à plusieurs fois par jour, de me retirer dans ma chambre pour profiter de la paix et du recul que permettent ce lieu de silence.

L’introjection-sublimation : jamais observée

J’ai l’impression ne l’avoir jamais pratiquée.

Si on récapitule, dans l’ordre d’usage (du plus souvent au moins souvent)

    1. Le mécanisme de défense de mon type de base (9)
    1. Le mécanisme de défense de mon aile principale (1)
    1. Le mécanisme de défense de mon type de désintégration (6)
    1. Le mécanisme de défense de mon aile secondaire (8)

Les mécanismes de défense de deux types qui privilégient le centre que je réprime (le centre émotionnel) :
Le mécanisme de défense du 2
Le mécanisme de défense du 3

Le mécanisme de défense d’un type qui privilégie le centre que j’ai en centre support (le centre mental)

Le mécanisme de défense du 5

En dernier : le mécanisme de défense du 7

Je n’aboutis pas toujours à des conclusions logiques du point de vue de l’ennéagramme, ni aux mêmes observations faites par Patrick, Yves et Fabien sur le forum Ennéa-Agora, mais peut-être aurais-je besoin de plus d’auto-observation encore ? Qu’en pensez-vous ? Qu’en est-il pour vous ?

Merci de votre patience !

Philomène


  1. Conversation Utilisation des mécanismes de défense par Patrick le 30 novembre 2016. http://www.enneagramme.com/forum/index.php?/topic/1911-utilisation-des-mécanismes-de-défense/&tab=comments#comment-16795 ↩︎

Merci pour ces observations @Philomene9alpha.
Je constate qu’il y a beaucoup d’ex-aequo au niveau de tes médailles :slight_smile:
C’est une difficulté à choisir qui provoque cela?

Concernant la répression, je pense qu’il y a une différence assez importante entre la répression du 2 et l’oubli du 9: en général, le 9 oubli ses émotions, mais elles sont bien là et visibles si il y fait attention (voir visibles par les personnes autour de lui). Chez le 2, la répression semble être plus interne et profonde.
Je serai heureux de lire des 2 à ce propos: je ne peux que témoigner de mon oubli des émotions en tant que 9 (très proche de ce que tu décris).

Concernant l’identification: c’est un mécanisme que j’observe aussi beaucoup avec le boulot. J’essaye de creuser le sujet. Je compte bien vous raconter ça un de ces jours ici :slight_smile:

Lighyli.

Merci de tes commentaires Lighyli !

D’abord merci de ta remarque, il a fallu que je me fasse violence pour dégager les usages prioritaires des autres (dans les mécanismes de défense chez moi) …et je ne suis pas encore certaine des conclusions de mes observations. :smile: J’ai encore du travail !

Concernant l’oubli de soi, tu écris :
« le 9 oubli ses émotions, mais elles sont bien là et visibles si il y fait attention (voir visibles par les personnes autour de lui). Chez le 2, la répression semble être plus interne et profonde »

Effectivement l’oubli de soi est assez éloigné de la répression des émotions. Comme le centre émotionnel est mon centre réprimé (à plein temps), j’oublie mes émotions et je les réprime, mais c’est autre chose que l’oubli « de soi ». Il me semble que les exemples que je donne de répression des émotions sont de la répression des émotions et non de l’oubli de soi (que je pratique encore beaucoup).

Quand je réprime mes émotions, je ne suis pas certaine que cela se voit plus qu’un 2 qui réprimerait les siennes. De plus, je ne pense pas que la répression chez un 9 alpha est aussi « interne » et " profonde" que chez un 2 (? qu’en pensez-vous ?) et qu’un 2 qui travaillerait sur lui pourrait prendre conscience de la répression de ses émotions (bien visibles par les autres)…

Bon, assez parlé pour les 2 ! On vous attend quand même les 2 pour nous parler de la façon dont vous réprimez vos émotions… Ouououh ! Y’a des 2 sur le forum qui pourraient témoigner ? ou d’autres types qui pourraient en parler ? :wink: A bientôt !
Philomène

Bonjour à tous,

Bonjour @Philomene9alpha, voilà une question fort intéressante et complexe aussi, qui demande une fine auto-observation, merci de nous l’avoir posée :slightly_smiling_face:

Concernant la formation réactionnelle, la définition du mécanisme telle que je l’entends c’est réprimer la colère ressentie et donc la rendre inconsciente et la remplacer par autre chose. Par exemple pour un 1, au lieu d’exprimer sa colère, ressentir le désir d’aider à s’améliorer la personne qui l’a mis en colère.
Par quoi dirais-tu que tu remplaces ton « irritation » dans ton vécu intérieur ? Fais-tu un rapport avec la répression de la colère en lien avec la paresse psycho-spirituelle et l’oubli de soi du 9 ?

Je suis désolée d’apprendre que tu souffres, maintenant que tu l’as conscientisé, j’espère que tu arrivera à mieux prendre soin de toi :hugs:
Il me semble que dans ton exemple on peut encore une fois faire facilement le lien avec l’oubli de soi du 9. Qu’en dis-tu ?

Lorsque tu dis…

… ça ressemble effectivement fortement à du déni !

Le mécanisme de défense du 2, la répression, lui permet d’« étouffer » dans l’œuf les mauvais sentiments qu’il pourrait ressentir pour les autres car cela ne cadre pas avec son image de personne aimante et aidante. Dans le cas du 9, l’oubli de soi est plutôt un endormissement (général ?) à soi-même, dis-moi si je me trompe :slightly_smiling_face:, du coup pour moi ce sont des mécanismes bien différents, même si le résultat est le même, c’est à dire « je ne tiens pas compte de moi et je me mets au service de ma compulsion ». C’est bien évidement l’utilité principale des mécanismes égotiques que de nous faire croire que nous atteignons notre orientation en activant notre compulsion :crazy_face:

Comme tu le dis toi-même très justement, l’émotionnel lorsqu’il est en dernière position de la hiérarchie des centres est quasiment tout le temps réprimé, sauf lorsque l’on est présent à soi-même et connecté à son essence. C’est d’ailleurs vrai pour tout les types qui le réprime et pas seulement les 9. Les émotions sont vécues comme dangereuses, ridicules ou inutiles, tout le temps. Or le 2 est un émotionnel ! Il ne réprime que les émotions négatives qui risqueraient de compromettre son image de personne aimante, c’est tout de même différent.

En effet. L’isolation est un mécanisme qui permet au 5 d’encapsuler ses émotions lorsqu’il les juge dangereuses pour le fonctionnement de son mental, ainsi il peut les vivre plus tard, lorsqu’il est seul et qu’il a la possibilité de les identifier et de les analyser tranquillement.

Le retrait du 9, lui, a plus a voir avec l’engourdissement « nécessaire » à l’évitement des conflits. Quoi de mieux dans ces cas-là que de s’arranger pour ne pas être vraiment là.
D’après ta description il pourrait aussi s’agir tout simplement de l’expression de ton introversion, et/ou de l’instinct social du 9… Qu’en penses tu ?

Dans tout ce que tu as dis j’ai trouvé très frappant que tu expérimente souvent le mécanisme d’identification du 3 qui est ton type d’intégration.
Pour tout te dire cela apporte de l’eau à mon moulin (voir cette conversation sur l’Enné-agora Répression des centres et mécanismes de défense).

Nous discutions dans cette conversation de la possibilité d’utiliser le mécanisme de défense associé au type du triangle de notre centre réprimé (et là ça colle pour toi) quand la non-mise en oeuvre du centre réprimé serait une source de conflit (pour la narcotisation), d’une déviance (pour la projection) et d’un échec (pour l’identification) que nous voudrions éviter.

Je cite Fabien Chabreuil :

… de la manière que nous avons tous les trois centres, nous partageons des mécanismes communs avec tous les ennéatypes. Le mécanisme de défense principal que la psyché humaine a inventé pour éviter les conflits chez une personne réprimant l’instinctif (un 9 quoi), c’est la narcotisation. Je n’évite pas systématiquement les conflits. Ce n’est pas chez moi une compulsion. Comme tout le monde cependant, il m’arrive parfois de les éviter. Dans ces cas-là, ce besoin d’échapper au conflit, intérieur ou extérieur, combiné à la répression de l’instinctif me pousse à la narcotisation.

Dans cette conversation je donnais cet exemple (théorique) pour un type 9 variante alpha :

Je suis 9 alpha , je ne réussis pas à trouver le cadeau d’anniversaire adéquat pour un ami. Pour éviter ce qui serait un échec à ma recherche de relations paisibles, je m’identifie à l’image que je me fais d’un bon ami, et achète un cadeau qui cadre avec l’idée que je m’en fais. J’évite ainsi de faire fonctionner mon émotionnel.

D’après ce que tu dis, j’ai bien l’impression que tu associes ton utilisation du mécanisme d’identification à l’évitement d’un échec. Tu confirmes ? Et aurais-tu d’autres exemples ?

Enfin pour ce qui est de l’auto-observation, je suis tout à fait d’accord avec toi, ce n’est pas évident de comprendre ce qui se joue en nous et pour moi il n’y a que dans la position de l’observateur intérieur qu’il est possible d’y parvenir :slightly_smiling_face:

Merci beaucoup @Philomene9alpha de partager avec nous tes observations :hugs:

Très amicalement,

Merci Alice et le lapin de tes commentaires toujours précis et éclairants. Ils me poussent à chaque fois à l’introspection et à l’approfondissement. :smiling_face_with_three_hearts: Tu écris :

Je ne parviens pas à faire un lien clair entre formation réactionnelle et paresse psycho-spirituelle du 9. Quel lien verrais-tu ?

En revanche, je fais un lien facile entre la formation réactionnelle le mécanisme de défense de mon aile principale (1).

Je fais également un lien bien clair entre la répression des émotions et la fixation d’oubli de soi ; par exemple quand l’émotion réprimée est la peur et qu’elle est inconsciente… je ressens alors vaguement un malaise ou un stress oppressant mais non rationalisé, autrement dit sur lequel je ne mets pas de mots. Alors je peux me précipiter nerveusement dans des activités non prioritaires qui m’éloignent de moi. C’est une forme d’oubli de soi.

Comme je ne conscientise (encore) quasiment jamais la colère, je ne saurais donner des exemples de lien entre la colère et l’oubli de soi.

En revanche, c’est plus clair pour moi entre la répression de la colère et la compulsion.

Ce matin par exemple, j’ai relancé l’informaticien pour qu’il règle le problème internet soulevé ensemble la semaine passée et non encore résolu. Lorsqu’il m’a fait comprendre que je devais moi-même me mettre en contact avec l’hébergeur de ma messagerie et de mon site internet, mission que je croyais lui revenir et pour laquelle a priori il m’enverra prochainement sa facture, au lieu de prendre mon téléphone pour lui demander ce qu’il en était, je lui ai envoyé un mail (c’est plus facile pour moi que de risquer d’exprimer une colère froide) avec un smiley (pour éviter tout conflit) où je m’étonnais qu’il me revienne de prendre en charge cette démarche et où je lui demandais simplement qu’il me donne les coordonnées de l’hébergeur… répression de la colère combinée à la compulsion…

Concernant la fixation d’oubli de soi et pour te répondre, c’est bien évidemment cette dernière qui entraîne la négligence à se soigner.

La fixation d’oubli de soi se traduit notamment par « l’endormissement » que tu évoques.

Outre cette image, j’ai celle aussi qui me vient d’une sorte de coquille vide corporelle et spirituelle autrement dit d’un « moi » vide qui se remplirait d’activités ou de pensées déconnectées de lui ; comme si l’égo était accaparé par des pensées ou activités décentrées, comme j’étais alors à côté de ma personne.

Merci d’avoir clairement posé la différence entre la répression des émotions (sentiments négatifs chez le 2) et celle de la répression du centre émotionnel. Je vois beaucoup mieux la différence.

Oui, tu as raison, ce retrait est souvent simplement mon instinct social et de mon introversion. Merci encore pour m’avoir aidée à cette prise de conscience.

Concernant la conversion sur l’utilisation des mécanismes de défense qui serait fonction de la répression d’un centre, tu écris :

Pour moi l’identification est courante - mais il me semble qu’elle l’était aussi pour Lighyli qui écrivait :

Oui, l’identification a été là tout au long de mes années de thèse ; j’étais ma thèse ! Et le jour où mon directeur de thèse a exprimé sa colère (je lui avait reproché de ne pas avoir relu mon travail) en m’indiquant qu’il pourrait ne plus diriger mon travail (autrement dit m’abandonner…False core confirmée :fearful:), je me souviens encore de la sensation d’avoir perdu pied, d’être précipitée dans un trou noir…
Un autre exemple d’identification : actuellement, je m’occupe de mes parents qui se sont faits escroqués par une entreprise de charpentes qui n’a pas fait son travail et par une société de crédit à la consommation qui a lancé le crédit souscrit sans vérifier que le travail des charpentiers avait été fait. Mes vieux parents s’apprêtent donc à se retrouver devant le tribunal car ils ont refusé (sur mes conseils), de payer leurs factures et les remboursements du crédit : j’ai endossé la mission de m’occuper d’eux (relations avec l’avocate, saisie de la répression des fraudes) et m’y identifie totalement. Cela me fait d’ailleurs penser que, pendant des années, le métier d’avocate que j’ai exercé n’a fait que flatter ce mécanisme de défense lié à la répression de l’émotionnel. Or les conséquences de cette identification peuvent être douloureuses : le risque d’échec existe et je suis beaucoup beaucoup plus impliquée psychologiquement que s’il s’agissait d’un client dénué de tout lien affectif ou amical avec moi.

Pour moi, à la différence de Lighyli (mais on attend la suite de ses exemples), le mécanisme de défense du 3 que je pratique n’est donc pas seulement lié à des situations de travail.

Merci encore Alice et le lapin de toutes ces réflexions possibles grâce à tes clarifications.
Bien amicalement, :blush:

Bonjour à tous,

Hello @Philomene9alpha !

Je ne vis pas le phénomène, je n’ai donc qu’un point de vue extérieur, merci donc de me dire si je suis à côté de la plaque :slightly_smiling_face:
De mon côté, j’imagine que comme le 1 peut par exemple remplacer sa colère par un désir d’aider l’autre à s’améliorer, tu pourrais en tant que 9 par exemple, remplacer la colère qui monte en toi par ce fameux engourdissement et pour y parvenir, quoi de mieux que la paresse à se connaitre et donc à voir sa colère et l’oubli de soi qui permettent au 9 de rester dans cet état d’engourdissement à soi-même. Car sans prise de conscience de ton état interne comment faire valoir ce que tu veux ?
Est-ce que ça fait sens pour toi ?

Bien sur l’ego est maintenu par un ensemble de mécanismes qui tournent de concert, on peut donc difficilement ne parler que d’un seul mécanisme pour décrire un phénomène, puisque c’est dans les interactions et la complémentarité entre ces différents mécanismes que l’ego se maintien.

Oui ça a tout l’air d’être de l’oubli de soi. Et cet oubli s’exerce aussi sur tes émotions, après tout si tu les réprime c’est justement parce que tu en as :upside_down_face:, c’est juste que comme tu réprimes le centre émotionnel, c’est le dernier à être utilisé dans ta hiérarchie des centres et que donc tu as des croyances négatives concernant ce centre. Du coup à cause de ces croyances, tu l’utilises peu et donc tu le connais moins bien et donc tes croyances se renforcent… et voilà pour la ronde sans fin de l’ego et l’auto validation de nos prophéties. Ces émotions tu ne les conscientise pas forcément et le mécanisme d’oubli de soi, entre autres, t’y aide, ainsi que d’ailleurs la narcotisation, comme tu le décris ici « je peux me précipiter nerveusement dans des activités non prioritaires… ».

Ce serait intéressant de savoir ce que donne l’oubli de soi chez @Lighyli qui lui ne réprime pas son centre émotionnel.

Que dirais-tu de : Par la narcotisation (je me détourne de moi-même en me perdant dans des activités sans importance), la paresse à se connaître (je ne sais pas ce que je veux ni ce je ressens, ainsi je ne me connais pas, et ne reconnais pas, entre autre, ma colère qui reste inconsciente) et l’oubli de soi (je ne me prends pas en compte, je m’oublie, de manière à ne pas potentiellement créer de conflits et dans le processus la colère n’a pas sa place) le 9 ne conscientise pas sa colère.
Ça te parle ?

Pour moi, à la différence de Lighyli (mais on attend la suite de ses exemples), le mécanisme de défense du 3 que je pratique n’est donc pas seulement lié à des situations de travail.

Peut-être que @Lighyli a vécu des exemples d’identification qui ne sont pas en lien avec son travail et dont il ne nous a pas encore parlé… le mieux serait qu’il en témoigne lui-même :slightly_smiling_face:… néanmoins il me semble compréhensible que pour lui l’identification se manifeste souvent dans un contexte de travail, car chez lui (comme chez moi d’ailleurs) elle est en lien, non pas avec la répression de l’émotionnel mais, avec une désintégration en 3.
J’ai déjà vécu ce phénomène, il s’accompagne dans mon cas d’un surinvestissement, d’une suractivité, en gros je deviens workaholic. Dans le contexte du travail l’utilisation du mécanisme de défense principal du 3, l’identification, est donc pour moi facilité. Et dans le cas de la désintégration externe en 3 elle se fait dans un cadre compulsif. C’est à dire que je l’utilise dans le cadre de l’activation de ma compulsion « éviter la déviance » … c’est là, je pense, la différence avec ton utilisation.

Si notre théorie est valide, ton utilisation de l’identification serait reliée à la répression de ton centre émotionnel et elle interviendrait lorsque la non-mise en œuvre de ton émotionnel te ferais courir le risque d’un échec que tu voudrais éviter, ponctuellement. Car si elle se manifestait fréquemment dans un cadre compulsif c’est que soit tu serais un 3 :upside_down_face: soit tu aurais un lien égotique avec cet énneatype (aile ou type de désintégration). En tant que 9 alpha ce n’est pas le cas, au contraire, tu t’intègres en 3.

Qu’en dis-tu ?

Très amicalement,

Bonjour @Philomene9alpha !

La formation réactionnelle revient à me priver de vivre une émotion que je juge incorrecte et je la remplace par une émotion que je juge convenable.
Exemple : je suis dans un train, assis confortablement, en train de lire. Un passager à côté se lève pour fouiller dans son sac dans les espaces situés au-dessus des voyageurs, et il me fait tomber par mégarde un objet sur l’épaule. Là, je vis un bouillonnement intérieur : il ne pourrait pas faire attention, non ?!?? :face_with_symbols_over_mouth: Mais j’avale immédiatement cette réaction intérieure et j’expose un sourire avec la mâchoire serrée en disant : Ce n’est rien ! Là, toute personne qui me regarde peut se rendre compte que je suis en pétard, mais que j’exprime une pseudo-cordialité.
Dans cet exemple, il s’agit d’une formation réactionnelle : transformer quelque chose que je juge incorrect (me mettre en colère et lui en coller une!) par quelque chose que je juge correct (sourire et civilité) mais mon non verbal me trahit !
Ceci est le mécanisme de défense principal du 1, mais tout le monde peut le vivre.

La paresse psycho-spirituelle consiste à flouter, oublier ce que je veux. Je me repose sur un bon coussin moelleux dans la tête et j’évite de me connecter à moi, à mes opinions, à mes besoins.
La colère du 9 est alors refoulée au plus profond du volcan et bouchée.
Cela n’est pas lié à la formation réactionnelle, mais avec la répression de la colère du 9.

Très amicalement,
Patrick

Merci Patrick !
C’est très clair.
Philomène.

Coucou à tous ! C’est mon premier message sur ce forum, j’ai gardé le pseudo que j’avais sur l’Ennéagora…

Je vais tenter de me livrer à l’exercice proposé initialement par Philomène : observation de mes mécanismes de défense, rapportée plus particulièrement à mon type, mon aile principale et secondaire, mon type de désintégration.

En tant que 4 alpha, il s’agit donc :

  • de l’introjection et de la sublimation
  • de l’identification et de l’isolation
  • de la répression

Parmi ces attentes théoriques, je confirme l’utilisation des mécanismes de défense de mon type ; la sublimation a toutefois nettement décliné au fil des ans en tant que mécanisme de défense (c’est à dire fonctionnement réactif par définition) au profit d’activités à dimension artistique volontaires, incluant une dimension de travail sur mes instincts blessés ou la mobilisation de mon centre réprimé. Le signe distinctif de cette évolution est un éloignement des thématiques mélancoliques - initialement, la sublimation était souvent une deuxième étape après un passage d’introjection assez sévère.

Mon aile 3 étant très présente, je repère également l’identification parmi mes pratiques, à savoir « incorporer inconsciemment les attributs et caractéristiques d’une autre personne dans sa propre personnalité et sens du soi », ce mécanisme étant « un moyen de booster son estime de soi en formant une alliance imaginaire ou réelle, puis en s’appropriant les caractéristiques de cette personne »

Toutefois, je pratique ce mécanisme mimétique dans des limites liées à mon type : quand le phénomène est prononcé, je vais très activement tourner mon attention vers mes propres caractéristiques et utiliser mon mental pour touillicreuser longuement celles où je perçois une similitude avec certains traits de la personne qui « justifient » cette identification. Je vais tenir de longues conversations intérieures avec cette personne où je vais même m’imaginer l’éclairer sur elle-même grâce à la compréhension que j’ai acquise sur nos caractéristiques communes… :roll_eyes: En dehors de ces caractéristiques, je vais consciemment passer beaucoup de temps à me différencier très finement de ce que je perçois de la personne, y compris quant aux propriétés que j’admire et pourrait envier. L’évitement de la banalité et le désir « d’être soi-même » sont alors en lutte avec le principe du mécanisme de défense. Inconsciemment, je profite néanmoins certainement de cette compagnie imaginaire prolongée avec ma proie pour lui siphonner son mojo en m’appropriant un paquet plus large de caractéristiques ! :smile:

En revanche, je ne repère aucun mécanisme de défense commun avec le 2 (répression) ou le 5 (isolation). Il me semble que, tout comme le déni du 8 et la formation réactionnelle du 1, ces mécanismes s’opposent dans leur logique à des aspects fondamentaux du 4 : l’attraction pour l’immersion dans la vie psychique intérieure et le goût pour l’intensification émotionnelle… Tous ces mécanismes ont pour point commun d’éviter de ressentir face à un stimulus déplaisant.

Il y a toutefois une exception, que je pense commune à tous les ennéatypes qui répriment le centre instinctif : je pratique assidûment la narcotisation, qui est un évitement de l’anxiété. Certes il ne s’agit pas d’éviter de ressentir, mais de ressentir quelque chose d’apaisant a priori moins intense. J’y ai abondamment recours (au moins autant que l’introjection), en lien avec la procrastination liée à la répression de l’instinctif et à l’anxiété sociale de mon sous-type « honte ».

Quelques nuances par rapport à la description de Palmer/Naranjo de ce mécanisme, comme "un mécanisme par lequel les individus s’anesthésient eux-même pour éviter qque chose ressenti comme trop vaste, complexe, difficile ou inconfortable à gérer. " Les personnes se plongeant dans « des activités rythmiques qui sont familières, requièrent très peu d’attention et procurent du réconfort. »
J’ai l’impression dans mon cas que certaines activités dérivatives peuvent parfois requérir une attention soutenue - je pense que c’est aussi le cas dans des activités comme les jeux vidéos, mais le type de processus intellectuel mis en jeu reste restreint dans le cas des jeux vidéos, alors que j’utilise régulièrement des recherches où le pôle « ergotage » de ma dichotomie est stimulé, avec un investissement intellectuel soutenu et créatif, dans des stratégies de procrastination… Par exemple, là, je suis au 4è jour où je suis supposée m’occuper de ma déclaration d’impôts et de ma compta, et j’ai rouvert mes cours d’ennéagramme, je complète des tableaux (je mets tous les noms en anglais), je fais des recherches et je rédige ce message… :face_with_hand_over_mouth:

Je repère occasionnellement la rationalisation chère au 7 dans mes mécanismes de défense, et dans mon cas c’est le plus souvent une situation relationnelle où j’essaie de dissimuler à mon interlocuteur que l’envie est à l’oeuvre dans ce qui anime mon déplaisir. Je rentre dans des discours vertueux pour critiquer un propos qui stimule mon envie, et jusqu’à récemment, le phénomène était inconscient (je ressentais juste une colère, une tension qui me paraissaient disproportionnée avec la situation, sans mettre le doigt sur ma motivation réelle.

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Bonjour @TirNaNog !
Sois la bienvenue sur ce forum, ça fait toujours autant plaisir de te lire :heart_eyes:

A bientôt j’espère,

Bonjour @TirNaNog et sois la bienvenue sur ce forum !

Merci pour ton témoignage très fin qui montre bien combien le type de base reste aux commandes même lorsqu’on va utiliser des automatismes ailleurs. :+1:

En ce qui concerne le cas de la narcotisation et les jeux vidéos, ce serait intéressant d’observer si les jeux vidéos sont bien une narcotisation chez toi, ou s’ils découlent d’un autre mécanisme.
Si les jeux vidéos sont souvent cités comme un exemple de narcotisation, il peut y avoir de nombreuses autres motivations d’y jouer !

Très amicalement,
Patrick