Liens entre False core, blessure originelle et ego.
Bonjour à tous,
Je sais que la notion de « blessure originelle » n’est pas formalisée ni théorisée en tant que telle dans l’Ennéagramme (sauf si je me trompe). J’entends par là (sans me référer d’ailleurs à un auteur ou à un concept), des événements de la petite enfance vécus comme traumatiques et qui teintent tout mon fonctionnement égotique.
Je sais aussi que peut-être, j’enfonce des portes ouvertes dans ce témoignage. Mais c’est parce j’ai revécu dans ma chair la notion de false core (FC) et de blessure originelle, que j’ai souhaité témoigner ici de nouvelles prises de conscience.
Depuis que je pratique le Focusing, je travaille davantage à la désidentification des aspects de mon ego que je ne le faisais auparavant. Cela m’a permis de prendre conscience tout récemment de l’importance et de l’actualité de cette blessure originelle, qui a nourri la FC chez moi, malgré le travail personnel que j’effectue depuis des années.
Le Focusing m’a permis de les toucher du doigt et de réaliser comment, encore aujourd’hui, mon ego, malgré mes années de travail sur moi-même, fait tout pour ne pas faire remonter à ma conscience ma FC et ma blessure originelle.
La blessure ou la FC fondatrices de mon ego.
Une séance récente de Focusing vient de me permettre de revisiter à travers mes ressentis corporels comment mon ego a construit des couches et des couches (j’aime à dire « d’oignon ») autour de mes peurs très profondes, pour ne faire remonter à ma conscience que ce qu’il était « acceptable » ou « supportable » de voir clairement, le haut de l’iceberg en fait.
Depuis des mois, je chemine avec l’examen du fonctionnement des couches intermédiaires comme : la « peur du jugement », la « comparaison permanente avec les autres », la « peur de l’échec », « la peur de manquer », etc…
Au cours de cette récente séance, la blessure fondatrice de la peur de base (peur d’être perdue, séparée), et ma FC (« je suis sans amour », « il n’y a pas d’amour ») sont apparues dans toute leur actualité et surtout, leur acuité.
J’ai touché du doigt (physiquement : en ressentant une oppression très forte dans mon plexus solaire et en tombant en larmes comme un petit enfant délaissé, sans pouvoir m’arrêter pendant un long moment) cette blessure de désamour, d’abandon et de rejet en revivant dans mes sensations corporelles l’impact qu’ont eu certains événements de ma petite enfance sur la construction de mon ego.
Mes premières prises de conscience vis-à-vis de ma passion (la paresse) et de ma fixation grâce à la connaissance de l’Ennéagramme
L’Ennéagramme m’a montré que je m’étais adaptée à mon environnement, en tant qu’enfant. Petite fille, j’ai été prise entre l’incitation à « m’étendre » qui provoquait une forme d’hyperactivité (jusqu’à l’âge de 8 ans environ, j’avais beaucoup d’énergie et faisais des bêtises, notamment en classe, pour me faire remarquer) et l’incitation à me « rétracter »[1] qui a provoqué la léthargie pré-adolescente.
Il semble que peu à peu, je sois « rentrée dans le rang » des attentes familiales et scolaires, dans une forme d’effacement, voire d’indolence typique du 9. Autrement dit, durant ma pré-adolesence, mon adolescence jusqu’à l’âge adulte - avant de découvrir l’Ennéagramme et de travailler sur ces aspects-, je ne participais pas réellement au monde, mais faisais ce qui était attendu de moi (ou que j’imaginais qu’on attendait de moi) en me retirant du monde régulièrement ou en y participant de manière périphérique.
Mon 2ème niveau de prise de conscience plus récent est que ma blessure originelle a nourri ma FC, ma passion et ma fixation.
Bon, ok, ce n’est pas révolutionnaire, mais pour moi, cette prise de conscience l’est !
Fabien et Patricia nous ont expliqué que la FC était peut-être, déjà, antérieure à la naissance. Si c’est le cas, je pense que ma blessure originelle l’a renforcée et qu’elle continue d’œuvrer à mon insu dans ma vie…
Enfant, j’ai appris à réprimer mes émotions, rivée à cette peur inconsciente d’être privée d’amour et de reconnaissance. Peur d’être abandonnée si j’agissais imparfaitement ou demandais trop d’attention, peur renforcée quand mon dernier petit frère est arrivé et que toute l’attention de ma mère s’est trouvée accaparée par lui.
Plus tard dans ma vie, j’ai projeté la même peur d’être abandonnée dans mes relations. Et c’est l’abandon que j’ai rejoué dans mes relations professionnelles, amicales et amoureuses. Il s’est longtemps agi de : rompre une relation avant que l’autre ne le fasse et que cela soit trop douloureux pour moi, ou de rompre la relation pour « punir l’autre » de ne pas m’avoir pris suffisamment en considération ou encore de rompre pour attirer son attention quand je me sentais délaissée…
Ma passion (de paresse) et ma fixation (l’oubli de soi) ont donc bien construit ma névrose. J’observe pendant des années la paresse à moi-même : les actes ou actions faites par défaut (pas par plaisir), pour ne pas m’ennuyer, me sentir exclue ou déprimer. Les premières années de découverte de l’Ennéagramme n’ont strictement rien changé dans mon comportement puisque je ne faisais aucun exercice pour mettre en pratique les apprentissages.
Pendant longtemps, ces riches enseignements sont donc passés au-dessus (« das tangiert mich peripher » comme dit la célèbre expression allemande). En d’autres termes, cela m’effleurait de manière périphérique, comme la tangente au cercle. (Une droite qui touche un cercle en un point unique, sans passer par l’intérieur du cercle selon Wikipedia).
Aujourd’hui et désormais, je sens ce qui, profondément et de manière sous-jacente, a initié et entretenu cette paresse (à me connaître et révéler ma personnalité).
Pour être aimée, ne pas faire de vagues, répondre aux attentes extérieures sans affirmer ma personnalité et sans chercher à changer.
La fixation d’oubli de soi renforçait la passion et permettait, dans ma croyance profonde, d’être aimée. J’ai par exemple été pendant des années la « sauveuse » de mes amis, des étrangers sans papiers, des personnes âgées de ma famille, de ma mère, etc. etc.
Je comprends comment cette peur profonde de ne pas être aimée, d’être abandonnée, a également entretenu ma compulsion (éviter les conflits).
J’ai préféré rester en retrait du monde et de moi-même, ne pas aller au fond des choses sur le plan personnel car c’était, d’une part trop douloureux, et d’autre part dangereux.
Puisqu’aller rencontrer cette peur, c’était découvrir toute l’étendue de ma vulnérabilité, et peut-être entraîner encore plus de désamour des autres pour moi dans ma vie.
Or je suis désormais convaincue que c’est tout le contraire ! Le fait d’être capable de toucher sa blessure profonde, de l’écouter, du passer du temps avec, permet simplement de l’aimer et de réparer la faille qu’elle a laissée.
Parmi les premiers bénéfices de cette prise de conscience, j’ai pu observer que cela avait permis de stopper (presque !) le comportement de sauveuse qui me caractérisait. C’est une nouvelle posture.
Je sais poser mes limites. Et au-delà de la part en moi qui « veut » poser ses limites et qui « s’efforce » de ne PAS sauver le monde, c’est une nouvelle posture ferme et tranquille qui ne le fait plus et qui sait qu’elle ne le fera plus…
J’écoute quand même un peu la part qui se sent coupable de voir certains proches s’effondrer sans courir tout faire à leur place, mais je tiens !!
Voilà l’état de mes prises de conscience actuelles.
Qu’en pensez-vous ?
Philomène 9 alpha, aile 1, sous-type conservation
[1] J’emprunte ces termes issus de « la Loi de l’Expansion-Contraction » à Antonio Barbato De l’essence à la naissance de l’ego (1e partie)texte en gras